Erreur n’est pas faute, tous les inspecteurs de l’Education Nationale et autres didacticiens vous le diront…L’erreur est inévitable dans les apprentissages. En entraînement, elle est particulièrement bénéfique en cela qu’elle permet de réduire les chances qu’elle se reproduise en situation de spectacle.
Mais faire ces constats, n’aide pas vraiment à trouver des solutions pour arriver à la gérer…

  • Que faire face à quelqu’un qui loupe un exo ?
  • Dans un contexte de formation où la coopération doit être mise en avant, dans un esprit d’équipe et de plaisir de pratiquer, que faire?
  • Comment faire en sorte que l’erreur soit prise en compte sans pour autant instaurer une compétition qui nuirait au groupe ?

Ces derniers mois, j’ai découvert différentes consigne-réactions face à l’erreur dans le cas des exercices en groupe type  » Mot lancé « , en groupe, formant un cercle.

  • La manière qui revient (trop) souvent, c’est  » Tu rates, Tu sors du cercle. »

»>La personne qui aurait le plus besoin de l’exo est la première à s’en retrouver privée et se retrouve mise à l’écart.  Issu du modèle de pédagogie transmissive, ça me parait le top de la compétition…. Faire une erreur est une faute qui entraîne une punition. Vous aurez compris que, même si c’est la première que j’ai découverte, elle ne me convient pas du tout.

  • Avoir, dès le départ, 2 (ou plus) cercles d’exercice qui ont, soit les mêmes consignes, soit des consignes différentes. Passage dans le cercle d’à côté quand on trébuche.

»>Il y a encore exclusion du groupe mais, au moins, dans l’exclusion, l’exercice continue.
En cas d’exercices différents dans les 2 cercles, il faut faire attention alors à avoir des difficultés similaires, sinon un cercle va se vider… Sinon, à vous de trouver 2 consignes sur un même type d’exercice, un cercle étant considéré comme le groupe avancé, et l’autre celui où on se prépare pour être dans l’avancé.
Par exemple faire 3 cercles : 2 Simples, 1 avec un mot lancé en association d’idée et 1 avec un mot lancé en rime. Et 1 Complexe alliant les 2 autres consignes : Mot lancé associé-rimé en même temps ou encore, chacun devant donner 2 mot d’affilé, un associé à celui du joueur précédent puis un rimé avec celui qu’on vient soit même de donner. Redescente dans un des 2 autres cercles en fonction de ce sur quoi on trébuche. On commence à entrer dans la pédagogie différenciée, non?  Ah, oui, ne pas craindre les cercles de 2 ou de 3 personnes seulement, ça fait bosser plus. 😛

  • En cas de non réponse ou de bourde manifeste, le suivant prend le relais naturellement. On insiste sur l’idée que tout continue normalement, inutile de se flageller.

»>Quelqu’un qui a besoin de l’exercice peut se retrouver à passer son tour systématiquement. Mais cela met au centre l’idée que personne n’est infaillible et que la réussite est une réussite de groupe, qu’on peut compter sur les autres. Part du principe que  » marquer le coup  » ne sert à rien et que ce qui compte c’est que le spectacle continue. Contribue particulièrement à faire diminuer la pression  que le-la participant-e se met…
Etonnant de se rendre compte à quel point il est difficile pour certain-e de ne pas montrer de signe d’affliction après une erreur…Question d’éducation ?
NB : Mode de gestion plus facile à mettre en place lorsque l’exercice suit un rythme (dans le cas du mot lancé précisément ou dans d’autres exercices basés sur le fait de compter.)

  • Le-la meneur-neuse désigne, à sa seule et très pointilleuse appréciation, la personne qu’il-le considère comme ne répondant pas adéquatement à la consigne et lui dis   » Tu cours !  » Cette personne fait alors le tour du cercle en courant puis revient à sa place. L’exercice se poursuit pendant ce temps.

»>Mise à l’écart mais retour très rapide dans l’exo. Sanction qui a un poids (c’est casse-pied de tourner en rond, surtout à répétition !!!) relatif mais qui a son utilité technique (ça échauffe de courir.) Et puis, c’est aussi un jeu autour de la faillibilité du formateur car on peut être condamné-e à courir même si l’erreur est discutable. Cela permet aussi de percevoir que l’erreur est toujours discutable…Car en impro, les  » règles  » n’existent que pour qu’on puisse ensuite s’en défaire pour s’adapter à la situation… Et puis, le formateur peut aussi se faire éjecter temporairement lorsqu’il se trompe dans l’exercice, n’est ce pas merveilleux ?

La variante de Keith Johnstone et Patti Stiles, rapportée par Bulle Carrée sur Le Caucus, me parait le degré du dessus puisque le-la meneur-euse ne dis pas  » Tu cours  » mais  » Meurs !  » et  » le-la mort-e  » prend la place du meneur dans le rôle du  » tueur « . ça me parait un cran au dessus dans l’aspect violent que peut avoir le relevé de l’erreur. Je ne suis pas sûr que ça soit utile. L’effet  »  A la fin, un joueur qui se trompe en vient à crier  » Meurs!  » en même temps que le groupe ou même avant.  » se retrouve tout à fait avec  » Tu cours !  » Et ça se passe tout autant dans la bonne humeur.

Je ne pense pas qu’il faille adopter un mode de gestion et le conserver coûte que coûte mais plutôt alterner entre ceux qui collent à votre propre style. Il y en a d’ailleurs sans doute d’autres, que je serai très curieux de découvrir (Mon mail est ouvert !). Alliés à la pratique du feedback en sandwich, ce sont pour moi des moyens de former en minimisant la frustration et en maximisant la bonne humeur.
Car je retiens que, quel que soit le mode de gestion utilisé, la bonne humeur est essentielle !!!
Let’s amuse !

Biblio et bases théoriques:
¤Bulle Carrée sur le Blog  Le Caucus : Le plaisir de se planter
¤Article Erreur de Wikipedia.
¤Astolfi,  » Chercheurs et enseignants: Repères pour enseigner aujourd’hui.  » INRP, 1999
¤Paul-Cavallier, » Jeux de coopération pour le formateur « , Eyrolles, Ed d’Organisation 2008.

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