Un exercice simpliste, d’apparence, qui offre de nombreuses variantes, dont une permet notamment de travailler la tensions entre 2 objectifs.

Cette semaine, la plupart de mes ateliers réguliers ont eu droit à l’exercice du miroir…

Pour rappel, la consigne en est, à la base, très simple. En binômes se faisant face, une personne bouge lentement et l’autre l’imite exactement, en silence. Après quelques minutes, on inverse les rôles.

Son exploitation ordinaire consiste à dire qu’il s’agit d’une exercice d’écoute. Car il faut observer la proposition de l’autre et l’intégrer. Point. On peut effectivement le prendre ainsi. Mais cette base d’exercice peut donner beaucoup plus de choses.

En insistant sur le fait que la personne qui mène doit adapter la vitesse de ses gestes pour qu’extérieurement, on en vienne à ne pas savoir qui mène ou suit…

On introduit le fait que pour qu’on réussisse à 2, il faut permettre à l’autre de réussir. Que l’écoute est du fait des 2 personnes et pas d’une seule. Que la générosité de jeu consiste à adapter son niveau à celui de l’autre, à adapter ses propositions à ce qu’on découvre silencieusement de ses possibilités physiques.

En demandant à la personne qui suit de fixer, en permanence, son regard sur le front de l’autre…

On lui demande d’élargir le champs de son attention. On travaille alors la dissociation de l’attention visuelle du point de focalisation du regard. Ce qui permet, en scène, d’avoir une appréhension plus grande de ce qui se passe. On est dans une autre facette du travail d’écoute.

En demandant à la personne qui mène d’aller chercher des mouvements fins, des mouvements d’articulations qu’elle bouge peu souvent volontairement (hanche, bassin, charnière pectorale, visage…)

On élargit la palette des possibilités corporelles. Les 2 personnes n’ayant pas les mêmes zones d’immobilités, elles vont enrichir mutuellement leur répertoire. Avec cette consigne, il faut relâcher un peu l’exigence de la demande de symétrie entre les 2 personnes. Il faut plus le voir comme un exercice permettant à chacun de prendre conscience qu’il y a des espaces de progression et de découvertes dans son corps.

En demandant aux 2 personnes de mener et de suivre en même temps.

C’est, selon moi, la variante la plus intéressante. Car elle permet de ressentir la tension interne survenant lorsque 2 personnes cherchent à influencer le jeu de manières contradictoires. Or l’influence sur le jeu est une dynamique cruciale de l’improvisation à objectifs fermés. Dans une improvisation à objectifs ouverts, objectifs connus de toutes les personnes sur scènes, comme l’improvisation à canevas, ou l’improvisation de type comparée, tout le monde peut concourir à l’atteinte des étapes. Le travail est choral. Quand les objectifs sont fermés, secrets, personnels, les passages par ces checkpoints sont soumis à tension. Car les directions peuvent être contradictoires. Comment faire alors ? Ce n’est pas l’objet de l’article d’aujourd’hui. Mais la résolution de cette tension est une des facettes importantes de ma démarche de surcyclage/upcycling.

Pour la résoudre, cette tension, il faut la détecter. Le miroir mutuel permet de s’exercer à la ressentir, à la détecter. A une petite échelle, dans un cadre où les enjeux sont faibles et où, donc la résolution se fera avec peu de rudesse. Généralement, dans l’exercice du miroir, elle se libère par l’abandon d’une des 2 parties. Ce n’est pas ce que j’appellerais une résolution vers le haut, mais c’est déjà une résolution… Car cela signifie, qu’à défaut de mettre des mots dessus, une des 2 personnes ressent qu’il y a quelque chose à résoudre. Et c’est un bon début.

L’exercice du miroir permet donc de travailler basiquement l’écoute mais aussi sa version approfondie, en terme de regard ET de ressenti. Un exercice bien plus vaste qu’il n’y paraît…

Et vous, avez-vous d’autres variantes autour de cet exercice?

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