Prendre soin de sa santé mentale est une activité qui peut se réaliser de bien des manières. Certaines manières sont efficaces, et ce de manière sérieusement documentées, selon des méthodes reproductibles. D’autres bien moins voire pas du tout. Ce sont ces dernières qu’on peut qualifier de « fake-psy ». Au même titre qu’on peut classer des pratiques qui se prévalent d’améliorer la santé physique sans jamais l’avoir prouvé de fake-medecines ou fake-meds.
L’objet de cet article n’est pas de prouver, ou de vous convaincre, que certaines pratiques sont inefficaces du point de vue de la santé. Pour cela, je vous renvoie aux groupes et associations sceptiques, aux medias existant à ce sujet. Certaines pratiques sont -de manière avérées- non avérées. C’est mon postulat de départ.
Et ces pratiques se retrouvent de plus en plus souvent accolées à l’impro. J’ai moi-même œuvré à cela un moment. En toute bonne foi. Je vais d’ailleurs classer ce billet avec d’autres, beaucoup plus anciens dans le catégories « Impro et PNL » et « Impro et Analyse Transactionnelle. ». Et pour balayer devant ma porte plutôt que celle des autres, si je dois prendre des exemples, je les prendrai dans le domaine de la PNL, la Programmation Neuro-Linguistique. Qui est un exemple typique de fake-psy. Et à laquelle je suis formé. A grand frais. En profondeur. Et pratiquant professionnellement. Oui… Je sais…(Heureusement, j’ai des vraies techniques à mon arcs, aussi.)
Dans ce billet, je vais tracer une ligne. Une ligne entre « l’impro-fake-thérapie » et l’inspiration artistique.
L’impro-fake-thérapie.
C’est le nom que je donne à ce qui se produit quand on en vient à mélanger de l’impro avec de la fake-psy. En se disant de manière assez évasive que ça fait du bien, ça permet de dépasser des choses, d’aller mieux…
Évidemment que l’impro peut permettre de dépasser des choses, des fois. (Tout tient dans le « peut »…) C’est une pratique artistique. On peut être amené à y progresser. Et il est alors tentant de la rapprocher d’autres pratiques habituellement considérées comme moins artistiques. Le champs de « l’improvisation appliquée » s’ouvre alors.
Mais peu d’études montrent déjà que l’improvisation amène systématiquement un progrès et si oui, lequel. C’est un art. Quelque chose de non rigoureux bien que discipliné, de créatif bien que technique, une esthétique non-scientifique. (Si, à cette évocation, il vous vient une métaphore du type « L’improvisation c’est du cerveau droit. » J’en profite pour vous rappeler que rien ne vient étayer l’existence de cette histoire de cerveau droit et de cerveau gauche mais que pris seulement comme une jolie métaphore, oui, vous avez raison. Comme le symbole du Père Noël. Pour lequel, il est bien question, dans les faits, de vœux, de générosité, de don mais pas de rennes ni de cheminée… Une métaphore, quoi. )
L’impro-fake-thérapie est une alchimie d’autant plus facile à pratiquer qu’il existe du vocable commun. Coaching, progrès, formation, séances, développement… Vocable commun bien commode. Mais bien piégeux. L’impro ne soigne pas. Et l’adjoindre d’autres pratiques qui ne soignent pas plus ne change rien à cela.
Soigner les gens avec de l’impro, je ne serai pour que quand on aura prouvé que ça marche.
MAIS (Héhé…)
Je vous proposerais bien un autre usage des fake-psy…
Un usage artistique.
Car, si sur le plan thérapeutique, c’est du vent, sur un plan artistique, ce vent peut finir dans nos moulins.
Prenons les métaprogrammes de la PNL. Ce sont, pour le dire vite, des programmes que nous sommes censés avoir, qui nous font réagir d’une certaine manière plutôt qu’une autre face aux événements. Des traits de personnalité qu’on est censé avoir. Créatif/procédurier. Centré sur soi/Centré sur l’autre. Descriptif/Interprétatif. (Peu importe de savoir ce que ces mots recouvrent…)
Si la PNL est prise comme une « science » alors tout cela est du jargon para-psy charlataneux jamais prouvé. Mais si on le prend comme un mode artistique de description du monde, avec ses omissions, ses imperfections. Comme peuvent l’être la peinture ou la musique, à qui on ne reprocherait jamais sérieusement d’être « fausses ». Alors la fake-psy se transforme en sources tout à fait valables d’inspiration. Et les métaprogrammes deviennent de superbes sources de création de personnages. Au même titre que l’ont été, pendant un période, les accents (Qui sont de plus en plus mal vus. #Racismes #Clichés…).
Ainsi lorsque Anaëlle Tribout-Dubois et ses comparses des Parvenus utilisent les profils de l’énnéagramme pour construire les personnages qui interagiront dans leur spectacle « Persona », illes font probablement un des usages les plus sains que l’on puisse faire de cet « outil ». Donnant naissance à un spectacle qui, pour plein d’autres raisons, a fait figure de rupture dans le paysage improvisatoire.
A sa manière la psychanalyse a déjà de nombreuse fois joué ce rôle. Le nombre étant venu de sa longévité . La Maison du Docteur Edwards étant un très bel exemple d’oeuvre où une fake-psy se trouve au centre de l’intrigue, conférant à cette intrigue un ressort tout particulier.
Ainsi…
Je ne dis pas que toutes les fake-psy, ou tout dans une fake-psy particulière, constituent du bon à prendre comme base d’inspiration . Ni que c’est là dedans que doit se trouver LA nouvelle branche de l’improvisation.
Je dis juste que si on prend les fake-psy pour des sciences, on se trompe. Mais que si on les prend pour un art et qu’on les traite comme telles, on peut avoir de très bonnes surprises. Tant dans les processus créatifs transversaux que dans la création entière de nouveaux spectacles.