Un mime réussi est à la croisée de nombreuses choses. Parmi elles les attitudes de la main en est une maîtriser. Pas des plus faciles.

Mais une mine de réflexions intéressantes… Elle permettent de décomposer en séquence, des gestes du quotidiens.

Pour cela, il faut les articuler autour de points fixes et de « tocs moteur« .

Points fixes

On désigne 2 techniques par « points fixes ».

a) Le point fixe absolu. Celle qui consiste à avoir un point du corps fixé dans l’espace. Ce qui se produit quand on mime une tentative d’ouverture de porte fermée à clef. Tout le corps bouge dans l’espace, sauf la main, qui bouge sur elle même mais reste aux mêmes coordonnées x,y,z. Elle est « fixée » à la poignée de porte.

b) Le point fixe relatif. Celle qui consiste à avoir 2 points du corps fixés l’un par rapport à l’autre. Ce qui se produit, par exemple, lorsqu’on mime la prise en main d’une caisse par ses poignées. Chaque poignée « dans » une main. Les 2 mains vont être fixée l’une par rapport à l’autre, sans quoi la caisse semblera un brin élastique…

Tocs moteur

Les « tocs moteurs » quant à eux sont de petits moment d’immobilité (mais pas d’inactivité) à la charnière entre 2 mouvements, entre 2 dynamiques différentes. En reprenant l’exemple de la caisse, qu’on imaginera chargée, il y aura un toc moteur entre le moment où le personnage saisit les poignées et où il soulève effectivement la charge. Le toc moteur est la conséquence d’une résistance. On peut aussi l’imaginer lors de l’effeuillage d’une pâquerette à instant où un pétale est arraché. C’est une saccade, un léger raidissement de muscles antagonistes.

Pour le faire mieux comprendre je parle parfois de la bouteille de lait que vous saisissez en la pensant vide mais qui, en fait, est pleine. La bouteille vous parait très lourde et il se produit alors un temps infime d’adaptation de votre force durant laquelle la bouteille ne bouge pas. C’est à peu près ça.

Mais il était question des positions de mains. Nous y arrivons…

Attitudes de main.

Commençons par les mains symétriques, les mains où les doigts sont dans une même forme d’attitude.

La marguerite

Une main largement ouverte, presque surprise. Les doigts sont tellement tendus qu’ils sont incurvés. La marguerite est à imaginer avec une tige partant de l’intérieur de la paume, à la racine du majeur. C’est ma main qui salue, qui jette et projette.

La salamandre

Une main ouverte mais dont les phalanges extrêmes sont détendues. Ce n’est pas la main la plus facile à faire car elle demande d’avoir plutôt bien découplé le fonctionnement de certains muscles. C’est la main qui griffe, une bonne base de patte de chat…

La fourche

Une main ouverte, là aussi mais les axes des doigts sont dans le plan de la paume. La main est à plat, les doigts écartés. C’est la main qui peigne, qui s’apprête, qui appuie fortement

La palette

Une main ouverte, les doigts resserrés. C’est la main qui tranche, qui stoppe, qui intimide.

La coquille

La main épouse les contours d’une sphère (ou un pamplemousse 🙂 ). C’est la main qui protège, qui demande, qui contient.

Le puit

La phalange extrême du pouce touche un autre doigt. C’est donc une main fermée. Les autres doigts sont tous resserrés en demi-cercle. C’est la main qui tient avec force, qui enserre, qui a attrapé un volume.

La pince

Une main fermée. Les doigts sont droits, et, à l’exception du pouce, dans un plan à 90° avec celui de la paume. C’est la main qui tient une surface plane. Souvent, on lui préfère la prise (Voir ci-dessous.)

Vous allez immédiatement comprendre pourquoi les mains asymétriques sont appelées ainsi. Il est difficile de dire de la main entière si elle est ouverte ou fermée…

La prise

Pouce et index sont dans la position qu’ils ont dans la main puit. Les autres doigts ont celle de la main salamandre. C’est la main qui manipule avec délicatesse, une tige, un fil, un petit objet, la main qui écrit.

La désignation

Une main puit dont l’index est dressé. C’est la main qui tâte, qui appuie légèrement, qui montre.

Au rayon des mains asymétriques, je vous fais grâce du « toucher », de la « négligence » et de « l’appréhension ». Ce sont des mains un peu plus techniques, qui demandent un brin plus d’indépendance des doigts et qui ne me paraissent pas les plus fréquentes.

Vous pouvez, bien sûr, vous entraîner à réaliser chaque attitude. Mais cet outils prend toute son ampleur quand on cherche à styliser les gestes du quotidien en les combinant. A l’instant, par exemple, je prends conscience que le mime de l’utilisation d’une souris d’ordinateur est essentiellement composé d’une main coquille. Avec un point fixe au niveau du poignet, posé sur le bureau. Un manche à balais, ce sont 2 mains puits, fixées l’une par rapport à l’autre. Tout comme la caisse dont il était question plus haut, dans une posture différente du reste du corps.

Le travail de la main est un travail extrêmement gratifiant sur le plan du rendu esthétique final. Il permet de passer du mime « instinctif » un peu brouillon, à un mime plus réfléchi, où les gestes sont propres, comptés. Et dont on sait, lorsqu’on les voit, qu’ils sont signifiants.

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