Quand on en vient aux émotions, en impro, on distingue vite 2 pôles.
Le pôle de l’exagération et le pôle de la sincérité. Avec parfois des personnes très partisanes de l’un ou de l’autre.
Mais chacun a ses avantages et inconvénients.
L’exagération repose sur l’imitation, le mime, le jeu de ce qu’on imagine être l’expression d’un ressenti. Cela demande de l’observation extérieure et d’être capable d’exubérance.
La sincérité repose, comme son nom l’indique, sur l’expression de ce qui se vit, sincèrement. Cela suppose de pouvoir contacter en soi l’endroit d’une émotion, de savoir revivre les choses, ou juste de ressentir sur l’instant et d’exploiter cela.
Ce sont 2 travaux différents. L’un est plus tourné vers l’extérieur, l’autre vers l’intérieur. Je maintiens qu’il n’y en a pas un des 2 qui est plus facile que l’autre. En revanche, il est fréquent que certaines personnes arrivent en atelier avec plus d’antériorité dans un domaine que dans l’autre. Parfois même, elles sont attirées à l’atelier d’impro par ce qu’elles imaginent y trouver.
Ainsi trouve-t-on parfois des personnes qui sont, avant même l’atelier, expertes dans l’art de jouer un personnage très expressif. Elles le donnent à voir, et ainsi, se cachent elles-mêmes derrière. Tout le progrès consiste à les faire peu à peu ranger ce costume.
A l’inverse, on tombe parfois, plus rarement -peut-être parce que le théâtre leur semble à leurs antipodes- sur des gens qui ont cette impression que feindre est mal, qu’il faut être vrai. Ils ne jouent pas, ils sont. Sans filtre, très entiers. Et alors, en atelier, ils apprennent à se distancier d’eux-même.
Le summum consistant, selon moi, à avoir la liberté de naviguer entre les 2. De faire en sorte que le feint puisse prendre naissance dans la sincérité. Et la sincérité s’appuyer sur le joué pour mieux se donner à voir.
Et alors, volcaniques ou en finesse, les émotions peuvent devenir vraiment saisissantes.