1ere partie : Difficultés mais nécessités…

Cette semaine j’ai un peu tardé pour publier…Mais c’est surtout parce que ce post m’a demandé (encore) plus de boulot que les autres. D’ailleurs, je le scinde en 2. La suite viendra la semaine prochaine… Mais rassurez vous, je ne vais pas couper au milieu d’un paragraphe. On n’est pas dans une série américaine ici.
Non mais !

Il y a peu, en discutant sur la question de l’hétérogénéité de niveau dans un groupe d’impro, nous en sommes arrivé à discuter de l’évaluation…
Car comment parler d’hétérogénéité de niveau si on n’évalue pas. Et surprise ! Peu de formateurs-trices semblent évaluer de manière formelle leurs élèves…Ce que je comprends tout à fait…Car, on se heurte aux premières difficultés de l’évaluation en impro. En impro, il est très important d’agir dans l’amusement, or l’évaluation, rien que le mot, ça a un vilain arrière goût de sale note. Qui dit évaluation laisse entendre classement, cancre, bon élève, résultat insuffisant et donc, pour ceu-lles qui sont sorti-e-s du système scolaire, réminiscence de souvenirs pénibles…
L’évaluation, c’est pas très funky.

Mais pour faire de l’impro, il faut des compétences. Et, au même titre qu’il existe des performances improvisées de niveaux différents, une compétence peut-être présente chez plusieurs individus à des niveaux différents. On parle de niveaux de compétence. Or la formation est considérée comme un outil visant à faire passer d’un niveau initial à un autre plus poussé. L’évaluation, c’est ensuite l’ensemble de pratiques visant à mesurer l’acquisition de ces compétences et leurs résultats appliqués en termes de performance. Sur le papier, ça parait avoir du sens d’en mettre une en place…
Mais l’évaluation de compétences est généralement délicate.
Et l’évaluation des compétences liées à l’impro semble particulièrement ardue…

D’une part, il s’agit de mesurer. Ce qui implique d’avoir une unité de mesure ou, au moins une référence, un objectif, voire une norme… Or tendre à normaliser les comportements en impro est aberrant. Et en ce qui concerne l’unité de mesure, il est nécessaire qu’elle ait un sens pour l’évaluateur-trice et surtout pour l’évalué-e. Avoir un B+ en Accent ou un 5/5 en Expressions de visage, ça veut dire quoi dans les faits ?
On évalue là des choses qui sont de l’ordre du concept. En PNL, on parlerait de nominalisations de processus (J’ai déjà utilisé cette expression sur ce blog ?), des mots qui, dans les faits, ont des significations différentes en fonction de qui les utilise. Des compétences vagues et, qu’il faut paradoxalement, évaluer le plus objectivement possible. Il ne s’agit pas de donner un avis global sur un grand champs d’aptitude… Un évaluation qui aboutit à  » Travail d’interprétation : Moyen.  » ne sert pas à grand-chose. Un peu précision est de mise. Ce qui aboutit à découper les compétences complexes en comportements simples et observables. Ce qui peut déboucher sur une normalisation et, est, de toutes manières, réducteur.
Enfin, évaluer positivement une compétence en atelier ou en stage ne garantit pas qu’elle sera mobilisée de la même manière en spectacle. C’est toute la différence entre le  » in vitro  » et le  » in vivo « . La simple présence d’un-e évaluateur-trice a déjà un effet sur ce que font les gens…

Mais, le fait qu’elle soit délicate n’exonère pas pour autant de la mettre en place…

Car l’évaluation semble nécessaire à plusieurs points de vue.
Du point de vue de l’élève, afin de connaître son propre niveau, pour se situer dans le groupe et avoir une idée juste et certaine de ses capacités. Et prendre, avec raison, confiance en ce qu’il-le a déjà parcouru.
Du point de vue du commanditaire (qui peut, en impro, souvent être assimilé à l’élève.), pour savoir si les objectifs de la formation ont été remplis (Et donc savoir si ses sous ont bien été transformés en valeurs non sonnantes, ni trébuchantes mais néanmoins ajoutées ! ). Là, ça correspond à une évaluation sommative, en fin de formation.
Du point de vue du formateur, ça peut être un diagnostic pour savoir ce qu’il y a à approfondir, travailler ou revoir. L’évaluation est alors dite formative, sa finalité est l’apprentissage.
Du point de vue du coach, ça pourrait être (avec beaucoup de précautions !!!) une base afin d’établir la composition d’une équipe.

Ainsi malgré cette difficulté d’évaluer une compétence en impro tenant au fait que le résultat n’a pas d’indicateur quantifiable (Vrai-Faux, chiffre exact…) et que ce résultat est une production artistique, je pense qu’il peut être utile d’avoir un moyen d’évaluation.
En connaissant toutes les limites et les risques que ça comporte …

Dimanche prochain, une proposition d’outil.

Biblio et bases théoriques:

(En complément, cet article sur la constitution d’équipe sur le blog Le Caucus peut aussi vous intéresser.)

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *