Dans exercice appelé « Avance! Colore! », donné par Christophe Tournier et repris de Keith Johnston, une personne conte une histoire selon les indications d’une seconde. Cette seconde a le choix entre « Avance! » et « Colore! » puis dans un second temps « Rappelle! ». « Avance! » et « Rappelle! » enjoignent respectivement à avancer dans l’histoire, dérouler son fil et à réintroduire dans le fil de l’histoire un élément déjà cité auparavant. Johnston utilise les termes « Connect » et « Re-incorporate », que je trouve moins ludiques mais plus signifiants… Colorer par contre, c’est décrire et donner des détails sur la situation en même temps que ça ouvre des pistes. C’est très  » visuel  » comme référence, colorer…On pourrait aussi dire  » Texture ! « ,  » Épaissis ! »,  » Matérialise ! « …
Ces 3 choix, avancer, colorer, ré-incorporer, me semblent les outils de base de la construction d’une histoire. Les leviers à utiliser pour modeler l’histoire.

Le niveau d’organisation du dessus me parait être la structure du récit. La structure, pour moi, c’est la manière dont on agence les 3 leviers.
Des structures, il y en a pas mal…

La plus courante est la structure linéaire. On avance, on colore, on avance, on colore, on réincorpore de temps en temps mais le récit suit globalement un seul chemin principal qui toujours va de l’avant. L’exemple type sont les séries télé d’avant 2000. C’est flagrant dans une série policière où l’épisode avance au rythme de l’avancée (!) dans l’enquête.

Lorsque, suivant une structure de base linéaire, l’histoire termine sur son propre point de départ, la structure est circulaire. Le cas est visible dans une série comme « Sliders, les mondes parallèles » ou « Code Quantum » où les personnages principaux arrivent dans un nouveau monde à apprivoiser, avec une mission à accomplir et le quitte pour se retrouver dans un autre à la fin de chaque épisode. Et tout est à refaire. Dans ces séries, le bouclage est grossier mais a le mérite d’être illustratif. Dans le film « L’Effet Papillon« , le héros peut modifier des éléments du passé pour modifier le présent (avec des différence d’avancée et de coloration, c’est tout l’argument du film…). La structure globale du film est plutôt en marguerite ou en framboise. C’est surtout le cas des séries ci-dessus si on les regarde dans leur ensemble plutôt que épisode par épisode.

La vrai boucle est assez rare car souvent, le personnage évolue entre le début et la fin. Par exemple Candide revient chez lui, mais avec plus d’expérience. La boucle est devenue un début de spirale en ouverture. Dans certaines nouvelles de Tchekhov, la spirale est en fermeture, le personnage se retrouvant au final dans la même situation qu’au départ mais en pire (Vivant dans l’ennui, vieux ET pauvre.)

Enfin, mais pas des moindre, la cathédrale. Plusieurs lignes de récits, initialement séparées deviennent peu à peu connectées puis même rassemblées. Tous les romans de Bernard Werber que j’ai lu sont construits sur ce schéma. C’en est sans doute le précurseur. Et, en tout cas, il a poussé cela très loin.  Lignes narratives issues d’univers différents, ligne purement descriptive, avec globalement un nombre de lignes qui tient parfois sur 2 mains et des cathédrales imbriquées! Pour continuer dans les séries, la saison 1 de « Heroes » est en un très bon exemple. (Attention, le lien vers wikipedia peut déflorer des choses importantes de la série…) La série a été tournée par plusieurs équipes en parallèle qui ne se sont presque jamais rencontrées. Et ce n’est qu’au dernier épisode qu’on saisit le rôle de chacun. Cette série est d’ailleurs assez incroyable de richesse en structures quand on l’observe dans son ensemble ainsi que épisode par épisode. Cela est notamment dû aux spécificités des personnages (Personnalité multiples, voyageant dans le temps et l’espace entre autres, vision du futur…). Mais en ce qui concerne la cathédrale, le grand architecte, c’est Werber (OK, elle était facile…).

Le contraire de la cathédrale, l’arbre, un seul début pour plusieurs fins possibles, est une structure que l’on retrouve dans les « livres dont vous êtes le héros. ». Bien que souvent, là-dessous se cache une structure linéaire : Soit vos choix amènent votre personnage à la fin que l’auteur a décidé pour vous, soit votre personnage meurt. Ce n’est pas toujours aussi frustrant mais le nombre de fins, au regard du nombre de choix effectués au cours de la lecture, est assez réduit… Certains jeux vidéo de stratégie peuvent, je pense, concourir dans cette catégorie. Et puis, il y a les fins alternatives proposées en bonus de film en DVD. ( « L’Effet Papillon« …)

En impro, la structure peut-être décidée en caucus, lors d’impro de type comparé. Elles sont toutes jouables mais attention cependant au différences de code qu’amènent les structures cathédrales et arbres… Vos compétences d’auto-mise en scène doivent aussi être mobilisées là dessus…

Bibliographie et bases théoriques :

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